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DEMAIN A LA UNE | ARTICLE – 5 Min

Les conclusions de la COP15 montrent qu’il faut aller plus loin en matière de perte de biodiversité

By ROBERT-ALEXANDRE POUJADE 06.01.2023

Dans cet article

    La société repose sur des écosystèmes sains et fonctionnels : en effet, ils produisent l’oxygène que nous respirons, atténuent les conséquences du changement climatique et contribuent à au moins 55 % de l’économie mondiale. D’où la nécessité d’arrêter de détruire les écosystèmes et la biodiversité et de les restaurer. Dans cet article, Robert-Alexandre Poujade passe en revue les résultats de la récente COP15 et énumère les mesures que les investisseurs peuvent prendre pour stopper la perte de biodiversité.[1]   

    Le dérèglement climatique et la perte de biodiversité étant intrinsèquement liés, nous pensons que les stratégies d’investissement à dimension environnementale peuvent contribuer à lutter contre ces deux phénomènes.  Dans les décennies à venir, il faudra investir des milliers de milliards de dollars pour restaurer, protéger et préserver les ressources de la Terre et mener à bien la transition vers une économie durable et sobre en carbone.

    Des études ont montré que le financement de la biodiversité constitue un investissement, et non un coût. Ce financement permet de préserver les services écosystémiques essentiels qui sous-tendent l’économie mondiale et génèrent des retombées financières, économiques et écologiques. Selon l’une de ces études, la destruction de la nature entraîne chaque année des pertes économiques estimées à 1 400 milliards de dollars, soit 1,6 % du PIB mondial. On estime à 44 000 milliards de dollars la valeur économique générée (soit plus de la moitié du PIB mondial) qui dépend modérément ou fortement de la nature et de ses services.[2]

    Si le nombre de fonds d’investissement axés sur la biodiversité est en augmentation, ils sont nettement moins nombreux que les fonds axés sur le climat. Quatorze fonds gérant environ 1,6 milliard de dollars appliquent des stratégies dédiées à la biodiversité. En revanche, il existe environ 1 100 fonds, avec 350 milliards de dollars d’actifs sous gestion, qui sont axés sur les enjeux climatiques, selon Morningstar.

    Des initiatives pour protéger la nature

    Lors de la COP15, environ 200 pays ont validé le nouveau cadre mondial pour la biodiversité (CMB) de Kunming-Montréal[3], qui repose notamment sur l’objectif « 30×30 » (protéger 30 % de la nature d’ici à 2030). Cette démarche est logique sur le plan financier. Selon un rapport de l’université de Cambridge, les avantages financiers découlant d’une protection de 30 % des terres et des océans de la planète l’emportent sur les coûts dans un rapport de 5 à 1.

    Les gouvernements se sont également engagés à supprimer progressivement les subventions néfastes pour la nature. On estime que les subventions liées à la perte de biodiversité coûtent environ 2 000 milliards de dollars par an.

    L’accord de la COP15 s’est fixé un objectif de 200 milliards de dollars par an pour la conservation. Outre l’argent public, les fonds pourraient provenir de capitaux privés, de la promotion des financements mixtes et de l’incitation du secteur privé à investir dans la biodiversité via des fonds à impact et d’autres instruments similaires.

    En outre, la pollution doit être réduite en éliminant progressivement la pollution plastique et en réduisant de 50 % le risque global lié aux pesticides, grâce à une gestion intégrée de la lutte contre les animaux nuisibles.

    Mieux comprendre les risques grâce à la publication d’informations

    Les investisseurs exigent des entreprises qu’elles publient des données environnementales pour mieux évaluer leurs impacts sur la biodiversité. Cependant, les données du CDP (Carbon Disclosure Project), l’organisation à but non lucratif qui gère le plus grand système de publication de données environnementales au monde, ont montré que la plupart des entreprises ne tiennent pas leurs engagements en faveur de la biodiversité. [4]

    Alors que 31 % des 8 850 entreprises interrogées par le CDP se sont publiquement engagées et/ou ont soutenu des initiatives liées à la biodiversité et que 25 % supplémentaires ont l’intention de le faire au cours des deux prochaines années, plus de 50 % d’entre elles n’ont pris aucune initiative pour tenir leurs engagements en matière de biodiversité. Le CDP a également déclaré récemment que près de 29 500 entreprises avaient reçu la note « F » pour ne pas avoir répondu aux demandes de publication d’informations.

    Le Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) invite les États à prendre des mesures pour encourager les entreprises et les institutions financières à communiquer leurs risques, dépendances et impacts liés à la biodiversité.

    Les pressions exercées en faveur d’une transparence accrue devraient pousser les entreprises à prendre davantage de mesures pour réduire la perte de biodiversité. Cette tendance devrait également aider les investisseurs à mieux comprendre les risques et les opportunités liés à la biodiversité dans leurs portefeuilles.

    Que peuvent faire les investisseurs/gestionnaires d’actifs ?

    Les négociateurs de la COP15 ont convenu que le secteur financier devait investir massivement afin de stopper la destruction de la nature et d’inverser sa trajectoire d’ici la fin 2030. Selon l’Institut Paulson, le déficit de financement de la protection des systèmes naturels s’élève à 700 milliards de dollars. Il existe selon cet institut deux moyens de combler ce déficit :  

    • Réduire les subventions néfastes pour la biodiversité
    • Augmenter les ressources financières dédiées à la biodiversité.  

    Ces ressources englobent les marchés du carbone, les compensations pour la biodiversité et les produits financiers verts.

    En plus d’approuver la section « Publication d’informations » du CMB, BNPP AM a également validé les objectifs suivants :  

    • Convenir d’un cadre mondial post-2020 ambitieux et transformateur, qui exigera l’alignement des flux financiers sur les objectifs mondiaux en matière de biodiversité
    • Renforcer les stratégies et les plans d’action nationaux en matière de biodiversité afin de garantir une mise en œuvre efficace du cadre et de faire appliquer les politiques nationales en vue d’atteindre les objectifs en matière de biodiversité
    • Mettre en place un environnement réglementaire qui permette aux institutions financières de mieux gérer les risques et de saisir les opportunités liés à la biodiversité, notamment en imposant des exigences cohérentes et facilitant les décisions des entreprises en matière de publication d’informations
    • Supprimer les subventions néfastes et mettre en place des subventions « alignées » pour provoquer un véritable changement économique et réduire les dysfonctionnements des marchés.  

    BNPP AM a publié une Feuille de route sur la biodiversité en 2021 qui fixe la trajectoire à suivre pour réduire la perte de nature. Pour faire face à ce risque systémique pour le système financier, il faut selon nous une réponse collective. C’est pourquoi, lors de la COP15, nous avons annoncé avec d’autres investisseurs la création de Nature Action 100. Cette initiative a vocation à encourager les investisseurs à prendre des initiatives urgentes concernant les risques et les dépendances liés à la nature des entreprises dans lesquelles ils investissent. Elle sera officiellement lancée au printemps 2023. 

    Adam Kanzer, responsable du Stewardship pour la zone Amériques, a déclaré : « Au fil des années, les investisseurs ont initié un dialogue plus étroit et plus fréquent avec les entreprises sur certains aspects de la crise de la biodiversité, mais aucune initiative n’avait encore placé la biodiversité au centre des préoccupations, en faisant de l’inversion de la perte de la nature d’ici 2030 une priorité. Nature Action 100 entend combler cette lacune, en interpellant un large éventail d’entreprises sur leurs impacts les plus significatifs afin de les aider à adopter des pratiques soucieuses de la nature. Nous n’avons pas de temps à perdre. »  

    Références

    1 Écoutez ce podcast Talking heads avec Adam Kanzer, qui détaille les objectifs de la COP15, notamment une feuille de route visant à inverser la perte de nature causée par l’homme, en raison d’activités telles que la déforestation, et garantir les services écosystémiques, comme la purification de l’air et de l’eau d’ici 2030.  

    2 Source : Funding the GBF and 30×30 — Campaign For Nature 

    3 À regarder aussi La COP15 rédige un cadre pour la restauration de la biodiversité (vidéo) (bnpparibas-am.com) 

    4 À lire aussi COP15 : Dialogue avec les investisseurs sur la perte de biodiversité (bnpparibas-am.com)   

    Avertissement

    Risque lié à la prise en compte de critères ESG : l'absence de définitions et de labels communs ou harmonisés concernant les critères ESG et de durabilité au niveau européen peut entraîner des approches différentes de la part des sociétés de gestion lors de la définition des objectifs ESG. Cela signifie également qu'il peut être difficile de comparer des stratégies intégrant des critères ESG et de durabilité dans la mesure où la sélection et les pondérations appliquées à certains investissements peuvent être basées sur des indicateurs qui peuvent partager le même nom mais ont des significations sous-jacentes différentes. Lors de l'évaluation d'un titre sur la base de critères ESG et de durabilité, la société de gestion peut également utiliser des sources de données fournies par des prestataires de recherche ESG externes. Compte tenu de la nature évolutive de l'ESG, ces sources de données peuvent pour le moment être incomplètes, inexactes ou indisponibles L'application de normes de conduite responsable des affaires ainsi que de critères ESG et de durabilité dans le processus d'investissement peut conduire à l'exclusion des titres de certains émetteurs. Par conséquent, la performance du FCP peut parfois être meilleure ou moins bonne que la performance d’OPC dont la stratégie est similaire.

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